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Zanele Muholi est une photographe engagée et activiste sud-africaine. En 2002, elle intègre une formation au Market Photo Workshop, sous la direction du photographe sud-africain David Goldblatt. Elle refuse le terme d’artiste, et se considère davantage comme une « militante visuelle ». Son travail photographique se tourne rapidement vers la communauté LGBTI sud-africaine et plus particulièrement les femmes noires lesbiennes. Bien que le gouvernement et la société sud-africaine soient de plus en plus ouvertes et tolérantes vis-à-vis de cette communauté, les membres LGBTI sont toujours victimes de discrimination et de violences physiques et morales.
La femme et son corps occupent donc le centre du travail de Zanele Muholi. Son approche originale vise à brouiller les genres et à abolir les barrières présentes entre ces derniers. Sa technique privilégie des portraits photographiques de face ou de trois-quarts. Zanele Muholi souhaite, à travers ce travail de documentation, montrer une vision plus contemporaine de la diversité de la société sud-africaine et, en particulier, de ses minorités.
• Zanele Muholi
• La Rochelle 1
• 2007
• Tirage photographique C-print
• 55 x 55 cm, ed. 1/5
• Collection FRAC Poitou-Charentes. Acquisition en 2015 à la galerie Stevenson de Johannesburg
L’œuvre intitulée La Rochelle 1 s’inscrit dans une série de tirages photographiques du même titre. Elle présente un homme noir travesti en femme. Il porte du maquillage ainsi qu’une perruque aux cheveux longs, et se tient la poitrine. Il est donc question de l’identité sexuelle de l’individu, de la façon dont il souhaite que nous percevions son corps. Zanele Muholi suggère dans cette photographie, comme dans un grand nombre de ses séries, une certaine confusion des genres. La militante intègre ici la notion très actuelle de transidentité, une notion qui ne définit plus un individu par son sexe biologique.
Le travail engagé de Zanele Muholi peut être mis en rapport avec l’œuvre centrale de notre exposition, Anthinéa de Guiseppe Gambogi. Anthinéa est une sculpture s’inscrivant dans les codes esthétiques du XIXe siècle ; recouverte d’un drapé, elle prend une pose lascive et nonchalante qui lui donne un côté érotique et sensuel. L’œuvre offre au premier abord une vision idéalisée de la femme, vue comme un objet de désir et de convoitise, vision que Zanele Muholi contribue à déconstruire dans ses photographies.
Les deux œuvres permettent de soulever la question du genre et de sa perception, qui dépasse la simple représentation des particularités physiques et biologiques de l’homme et de la femme. Dario Gambogi idéalise son personnage féminin, mais il joue aussi sur sa beauté pour le complexifier : c’est grâce à son physique qu’Anthinéa, reine de l’Atlantide, parvient à faire tomber les hommes de son royaume dans l’oubli. Elle est un objet de désir mais aussi une femme rusée qui ne se laisse pas dominer par les codes imposés par la société.
Zanele Muholi joue bien davantage encore, dans sa photographie, sur la nature ambivalente du corps qu’elle présente : un corps qui brouille les genres et propose une vision progressiste de l’identité sexuelle. Le travail de la photographe refuse les stéréotypes et défend les communautés minoritaires, rejetées ou discriminées. Le but de son œuvre est de proposer une vision alternative de la féminité en conservant sensualité et érotisme. Autrement dit, la féminité n’est pas qu’une affaire de femmes.
Victor Bonnarme et Manon Bugean, étudiants en Histoire de l’art – Université de Poitiers