Guiseppe Gambogi (1862-1938)

Guiseppe Gambogi est un sculpteur italien originaire de la région de Pise. Il dirige un atelier à la fin du XIX^e siècle à Florence où il attire une clientèle internationale, férue d’œuvres souvent éditées en série.
L’artiste a le goût des beaux matériaux : ses œuvres sont réalisées avec divers assemblages comme le marbre ou l’albâtre, auxquels il ajoute parfois de l’onyx pour rehausser son travail. Il privilégie les sujets classiques, romantiques et orientalistes, s’inspirant de la mythologie et d’histoire de femmes telles que Salomé ou Cléopâtre. Ses sculptures rappellent la fascination artistique de la fin du XIX^e et du début du XX^e siècle pour les corps idéalisés, souvent associés à des sujets mélancoliques, voire exotiques.

Une jeune femme entièrement dénudée, à l’exception d’un drapé couvrant son sexe, est allongée de côté sur un lit quadripode en bois polychrome, recouvert d’une peau de lion. Il pourrait s’agir d’Anthinéa, déesse de l’Atlantide.
Son corps adopte une position sinueuse formant un S, exerçant ainsi une torsion du haut du corps, avec les avant-bras croisés reposant sur le dossier du lit et dissimulant presque la poitrine de la jeune femme. Anthinéa est coiffée de deux tresses relevées en chignon et d’un bandeau orné ; elle porte un bracelet serpentiforme au bras, en écho aux lignes sinueuses de sa chevelure.
Elle est position d’attente, voire d’observation : la sensualité et l’abandon de son corps tranchent avec la beauté froide de son visage, dont le regard éveille un sentiment de danger pour qui l’observe de près. Anthinéa est l’héroïne du mythe de l’Atlantide évoqué dans le roman éponyme de Pierre Benoît, publié en 1919 (et accusé d’avoir plagié une œuvre de 1886), dans lequel l’héroïne y attire les hommes par sa beauté et les entraîne à jamais dans son royaume disparu.