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Les œuvres :
– James Pradier, Odalisque (1841)
– Ernest T., Peinture barbante (1996)
Le symbole : les canons de la beauté
Les idées évoquées : l’uniformisation, les diktats de la mode et du goût
Ernest T. est le pseudonyme d’un artiste facétieux d’origine belge. Dans les années 1990, il intègre le collectif Taroop & Glabel et utilise depuis les deux alias pour signer ses œuvres.
Partageant les aspirations du collectif, qui se revendique de l’héritage de Dada et du Pop Art, Ernest T. porte un regard caustique sur la légitimité du marché de l’art, le rôle de ses acteurs, l’authenticité de leurs créations et leur valeur commerciale.
L’artiste multiplie les médiums et les techniques, passant de la peinture au dessin, de la sculpture à l’assemblage ou au collage, et a régulièrement recours à la caricature et au canular. Il puise dans l’imagerie collective afin de déconstruire les illusions qui se forgent autour de modèles standardisés, prêts à être consommés. Dans ses créations, Ernest T. se plaît à hybrider le genre pictural académique du portrait à la trivialité des produits dérivés, comme l’illustre Peinture barbante.
Odalisque (1841) et Peinture barbante (1996) jouent avec les stéréotypes de la féminité pour mieux les détourner et les critiquer. Imposés par une vision collective et diffusés dans l’art, ces stéréotypes sont le reflet d’une époque, d’une société dans laquelle l’artiste évolue, témoin son temps.
La sculpture de James Pradier se conforme à une tradition héritée de l’Antiquité tout en innovant dans le traitement de la figure féminine. S’appropriant la thématique de l’Orient rêvé du milieu du 19e siècle, dont les femmes sont imaginées sensuelles, lascives, tournées vers les plaisirs, l’artiste sculpte un corps féminin tout en rondeurs. Les canons occidentaux et orientaux se conjuguent dans cette œuvre pour offrir néanmoins un traitement plus réaliste, tranchant avec le modèle décliné dans toutes les œuvres de l’époque en Occident.
Un siècle et demi plus tard, Ernest T. reprend le visage de Barbie créée en 1959, première poupée sexuée destinée aux petites filles. Il détourne une icône imposée par la société de consommation, celle d’une jeune fille blonde, souriante, au corps filiforme, sorte d’idéal de beauté contemporain. L’artiste montre que la multiplication d’un même modèle physique entraîne progressivement un effacement de l’originalité au profit de l’affirmation d’un standard, notion déjà illustrée par les sérigraphies de portraits de stars d’Andy Warhol, comme ceux de Marilyn Monroe et d’Elizabeth Taylor.
Odalisque et Peinture barbante symbolisent une idée de la féminité imposée par la société, à deux époques différentes. Les idéaux de beauté se forment autour de références fortes, hier celles de la bourgeoisie, aujourd’hui celles des grands groupes commerciaux qui ne laissent que peu de liberté à l’individu.
Ellen Cary et Cécile-Marine Couty, Étudiantes en Licence d’Histoire de l’art et Archéologie, Université de Poitiers