Patrick Tosani, Les Arènes blanches, 1983, photographie cibachrome
Collection : FRAC Poitou-Charentes

Jean-Claude Golvin, Gaule. Limonum Pictonum (Poitiers), 2008, aquarelle
Collection : Musée Sainte-Croix

Biographies

Patrick Tosani (1954, région parisienne)

Patrick Tosani est un photographe et plasticien français enseignant à l’école supérieure des Beaux-Arts de Paris depuis 2004. Après avoir étudié l’architecture à Paris, il se lance en 1976 dans la photographie. Son oeuvre revendique la sérialité. Il décrit en ces termes son protocole photographique : « des moyens les plus objectifs de la photographie : la précision, la frontalité des prises de vue, la netteté, la couleur, l’agrandissement. J’arrive, en quelque sorte, à une photographie presque scientifique, descriptive ».
Les séries photographiques de Patrick Tosani traitent généralement la question du fragment. Il utilise la plupart du temps, de manière détournée, des objets de la vie quotidienne (Glaçons, 1983 ; Cuillers, 1988 ; Vêtements, 1997) ou encore des parties du corps humain (Ongles, 1990 ; Têtes, 1992 ; Sols, 1993…). À ses yeux, il est essentiel que la photographie isole une petite partie du réel par le cadrage, qui devient un « choix de fragmentation ».
Depuis plus de trente ans, Patrick Tosani expose dans divers endroits du monde (Londres, Chicago, Paris, Milan ou encore Poitiers). Il est lauréat de différents prix, comme le prix Kodak de la Critique photographique en 1983 et le prix Niépce en 1997.

 

Jean-Claude Golvin (1942, Tunisie)

Jean-Claude Golvin est architecte, archéologue et aujourd’hui directeur de recherches au CNRS. C’est un spécialiste de la restitution par l’image des plus grands sites de l’Antiquité dans le monde. Il obtient son diplôme d’architecte en 1969 et participe à plusieurs missions archéologiques. En 1985, il soutient une thèse d’Histoire intitulée : L’amphithéâtre romain, essai de théorisation de sa forme et de ses fonctions. C’est en 1989 qu’il se concentre pleinement sur la restitution du patrimoine antique en utilisant l’aquarelle et l’encre de Chine.

Son travail de restitution architecturale consiste à reconstruire des sites et des villes, de la manière la plus crédible possible grâce à une collaboration avec des historiens et des archéologues. Le travail de Golvin, très rigoureux, s’apparente à une véritable recherche scientifique. Cependant, il construit un modèle théorique de la ville ancienne tout en introduisant une réelle qualité plastique. Il travaille de manière réaliste à la reconstruction de lieux ou de sites totalement démontés ou déconstruits.

Les arènes : symbole d’un temps perdu

La confrontation des œuvres de Patrick Tosani (Les Arènes blanches) et de Jean-Claude Golvin (Gaule. Limonum Pictonum) permet de tenir une réflexion sur les notions de construction et de déconstruction, thèmes de cette exposition. Les artistes représentent deux constructions architecturales. Golvin reconstitue dans son aquarelle une vue des arènes de Poitiers, aujourd’hui totalement déconstruites, tandis que Tosani imagine et construit par la photographie l’image d’une arène figée dans un glaçon.

Dans celle-ci, l’idée de construction se fonde sur deux gestes. Le premier est inhérent au processus de création : Tosani découpe dans du papier journal une forme architecturale d’arène qu’il enferme dans un glaçon avant de la photographier. Figée dans un glaçon, l’arène menace paradoxalement de s’effondrer dans l’instant de la fonte et d’être, par la même occasion, « déconstruite ».

L’aquarelle de Jean Claude Golvin évoque également la notion de déconstruction. En effet, les arènes de Poitiers ont été déconstruites pour la récupération des pierres qui composaient l’édifice, pierres qui ont notamment servi à la construction des anciennes halles de la ville – qui elles aussi seront plus tard détruites. Les ruines des anciennes arènes gallo-romaines de Poitiers sont notamment visibles dans la rue Bourcani, mais aussi dans certaines caves des propriétés privées du quartier. Cependant, en proposant cette restitution, Golvin permet une re-construction de l’arène aujourd’hui disparue. Il recrée donc par le biais du dessin un pan important de l’histoire de la ville de Poitiers.


Chloé Grégoire
et Henri Lafaye, étudiants en Licence 3 d’Histoire de l’art, Université de Poitiers