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Adolphe Monticelli, La Ménagère, 1870
Collection : Musée Sainte-Croix
Julia Wachtel, Woman n°3, 1998
Collection : FRAC Poitou-Charentes
Artiste américaine, Julia Wachtel forge sa culture visuelle en participant au programme d’études indépendant du Whitney Museum à New York en 1979. Dans une démarche proche du Pop art, elle utilise les techniques du montage et du collage, ainsi que des couleurs vives. Son oeuvre a pour thème principal la représentation de l’image dans la culture de masse. Elle travaille selon un principe d’appropriation, en détournant des images et des objets puisés dans la publicité, le cinéma, la télévision et les magazines.
Julia Wachtel aborde la question de l’image contemporaine en s’interrogeant sur les mécanismes de la perception collective. Pour l’artiste, les images de la culture de masse véhiculées par la société sont devenues un simple divertissement, perdant ainsi de leur valeur. Wachtel dénonce la masse d’images, médiatiques ou populaires, qui nous entoure et nous invite à comprendre et penser celles-ci. En se les appropriant, elle leur confère une nouvelle portée : la remise en question de la perception de l’image par le spectateur.
Si une approche comparative de ces deux œuvres, Woman n° 3 et La Ménagère, peut être faite, c’est parce que toutes deux convergent vers un thème commun : le statut de la femme dans la société, et le regard que l’on porte sur elle. Il s’agit d’aborder également la démarche artistique complexe de Julia Wachtel où les matériaux jouent un rôle beaucoup plus important que dans l’œuvre de Monticelli.
Adolphe Monticelli représente une femme frêle dans un intérieur sombre et imprécis où se démarque seulement le balai qu’elle tient à la main. Julia Wachtel peint quant à elle une femme stéréotypée. Bigoudis, poils sur les jambes, bouche grande ouverte, bras croisés sur la poitrine caractérisent cette femme à l’air bravache et à l’œil menaçant. Il s’agit des attributs constitutifs d’une image familière et caricaturale qui est parfois donnée à la femme : celle de la mégère.
Dans la lignée des réalistes de la fin du XIXe siècle, Adolphe Monticelli peint une femme du peuple qui s’affaire à des tâches domestiques sans aucune volonté dénonciatrice. Julia Wachtel entretient une relation beaucoup plus ambigüe avec le statut de la femme, qu’elle tourne en dérision. C’est par ce moyen que l’artiste interroge l’imaginaire collectif de notre société occidentale dont les mœurs semblent encore réduire la femme à une vision sommaire.
Dans ces deux œuvres, les artistes ont recours à des matériaux traditionnels : peinture à huile, toile et châssis ou bois. Le procédé de Julia Wachtel reste toutefois plus complexe :
elle s’approprie un motif issu de la culture populaire – celui des cartes postales ou de voeux à l’imagerie grotesque – et le hisse au rang d’œuvre d’art.
Wachtel invite le spectateur à s’interroger sur ses idées préconçues au sujet de la femme et sur la manière dont les images participent pleinement à l’élaboration de cette vision. Désormais, l’image se charge d’une portée dénonciatrice, grâce à la remise en question de son rôle.
Ophélie Sicot et Aurore Walter, étudiantes en Licence 3 d’Histoire de l’art, Université de Poitiers