Que recherchez-vous ?
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
Pierre-Henri de Valenciennes, À la Villa Borghese, la maison forestière,
fin 18e siècle – début 19e siècle
Collection : Musée Sainte-Croix
Marc Deneyer, Forêt de Soignes, Belgique, 1982
Collection : FRAC Poitou-Charentes
Marc Deneyer, photographe belge autodidacte domicilié en France, nourrit une fascination pour le paysage et la forêt où il aime se réfugier. Au cours de ses années bruxelloises, il fut marqué par les peintres de paysage flamands et hollandais. Il travailla dans les domaines de la musique, du graphisme et du dessin de presse, avant d’embrasser la carrière de photographe au début des années 1980. Deneyer a perfectionné sa technique lors de stages en Belgique et en France, et a exposé dans plusieurs villes d’Europe ainsi qu’au Japon.
La photographie de paysage s’est naturellement imposée à lui, après avoir été séduit par les artistes de l’école américaine et du pictorialisme. Il choisit des lieux qu’il immortalise selon ses propres critères – nature, beauté (parfois humble), lumière pure – ainsi que leur potentialité à inviter au rêve et à favoriser une fuite de la réalité. Le noir et blanc lui permet de maintenir une « distance par rapport à la réalité » et de mettre en évidence des formes simplifiées touchant à l’imaginaire. Pendant ses voyages, Deneyer a rédigé deux carnets permettant de cerner certains aspects du laboratoire d’images qu’il a constitué.
La confrontation du tableau de Pierre-Henri de Valenciennes, À la Villa Borghese, la maison forestière, avec la photographie Forêt de Soignes, Belgique de Marc Deneyer, soulève une réflexion sur la potentialité offerte par la nature en termes de construction et de déconstruction du motif. L’huile sur toile représente une forêt romaine, construite selon une méthode académique, laissant voir des arbres inachevés, tandis que la photographie met en valeur un paysage forestier par des nuances de noir et blanc.
Cette prise de vue, depuis l’entrée d’une clairière où la lumière pénètre au travers des feuilles, est structurée par deux hêtres aux troncs fins qui inciteraient presque à venir en contempler la cime.
Malgré une formation initiale de peintre d’histoire, Valenciennes a fait le choix de se consacrer au genre du paysage, auquel il a contribué à donner ses lettres de noblesse. Après un long séjour en Italie, il réalise des tableaux de paysages baignés d’une audacieuse lumière, comme en témoigne À la Villa Borghese. Par sa science des volumes, le peintre expose la déconstruction de sa vision pour construire la forêt qu’il recrée sur la toile. Les emplacements destinés aux troncs du premier plan attestent de la structuration progressive de sa méthode picturale. Le boisement des forêts, qu’il soit l’oeuvre de la nature ou le fruit du travail des forestiers, est respectivement mis en valeur. Le paysage devient un laboratoire permettant, au premier, de parachever et théoriser une technique, et au second, de nourrir la genèse d’une pratique.
Les deux artistes semblent inviter le regardeur vers une réalité toute autre : Deneyer paraît vouloir éveiller un imaginaire par le biais d’une réalité photographique, tandis que Valenciennes transpose méthodiquement un paysage sur la toile. Ces deux œuvres témoignent des quêtes de ces artistes et des étapes de la déconstruction de leurs réalités respectives, laissées à la libre imagination des spectateurs.
Léa Moreau et Mathilde Assailly, étudiantes en Licence 3 d’Histoire de l’art, Université de Poitiers