Albert Marquet (1875-1947), Plage des Sables d’Olonne au remblai quadrillé, 1933
Collection : Musée Sainte-Croix

Mitja Tusek, Sans titre, 1985
Collection : FRAC Poitou-Charentes

Biographie

Mitja Tusek (Maribor, 1961)

D’origine slovène, Mitja Tusek vit actuellement en Belgique. Entre 1986 et aujourd’hui, il a participé à plus d’une trentaine d’expositions internationales.
Ses peintures oscillent entre figuration et abstraction grâce à la superposition de matière et l’utilisation de matériaux divers tels que la cire, le plomb, des pigments d’interférences.

À travers ses œuvres, l’artiste exprime l’idée de vide et de plein, évoquant ainsi les notions de présence et d’absence. Il laisse ses peintures libres d’interprétation afin d’encourager le spectateur à recréer sa propre vision de l’œuvre.

Sans titre, 1985

Au cours des années 1900, les représentations du paysage évoluent en même temps que la réflexion sur ce genre. Les premières années, marquées par l’impressionnisme puis par le fauvisme, dérivent vers une abstraction du paysage. L’esthétisme du tableau laisse place au sens, l’idée est d’engendrer non plus seulement une contemplation mais surtout une réflexion autour du tableau.

Albert Marquet est un peintre français postimpressionniste. Grand paysagiste, ami de Matisse et de Derain, il a conservé de sa période fauve le sens de la couleur et de la lumière. Dans Plage des Sables d’Olonne au remblai quadrillé (1933), le sentiment de vaste et d’infini s’y développe grâce à l’étendue de la plage et de la mer au loin se confondant avec le ciel, qui donne au paysage un aspect très frontal. Ce ressenti est également renforcé par le sentiment d’une agitation humaine symbolisée par ces traits représentant des personnages, l’artiste allant à l’essentiel en optant pour la simplification extrême de la touche. Notre regard est tout particulièrement attiré par le personnage de dos peint en rouge au premier plan, faisant écho au spectateur contemplant le tableau. L’artiste joue ainsi avec le regard en amenant ensuite l’œil au second plan grâce au paysage, comme dans l’œuvre de Mitja Tusek.

À partir des années 1900 commence à apparaître une nouvelle problématique dans l’art pictural : il ne s’agit plus de simplement admirer une peinture pour son esthétique mais de retrouver la subjectivité, les différents sens possibles d’une œuvre.
Mitja Tusek prend une position différente de celle de Marquet. En effet, son œuvre Sans titre (1985) ne montre ni ne démontre rien. Elle défait la limite de l’horizon et crée une rupture dans le regard. L’aplat de peinture blanche nous prive de cette symbolique du paysage, l’idée étant davantage d’en former une image mentale. Le spectateur est alors inclus d’une manière inédite : c’est à lui de recomposer le tableau afin d’en comprendre le sens. L’artiste introduit également par cet aplat la notion de matérialité de l’œuvre, de la toile, de la couleur, du geste du peintre, en opposition à celle de représentation présente dans le tableau de Marquet.

Le paysage est plus qu’un simple genre, il devient représentatif de la symbolique que les artistes veulent transmettre à travers leurs œuvres.


Apolline Chauvin et Juliette Gruchet
, étudiantes en Licence 3 d’Histoire de l’art et Archéologie, Université de Poitiers