Chapiteau toscan, chapiteau corinthien et tronçon de colonne cannelée, époque romaine
Collection : Musée Sainte-Croix

J. Duplo, Construction verticale rouge et verte, Construction verticale jaune et bleue, 1991
Collection : FRAC Poitou-Charentes

Biographie

J. Duplo (1958, Lisieux)

Travaille et habite à Shanghai

Le nom mystérieux de J. Duplo est la première fondation sur laquelle l’artiste construit son œuvre. J. Duplo travaille parallèlement sur deux programmes : il conçoit d’abord des sculptures sur le système du « Modulor », une notion inventée par l’architecte Le Corbusier afin d’élaborer des constructions à l’échelle humaine ; il réalise ensuite des constructions de tableaux avec des legoTM en utilisant seulement les quatre couleurs fondamentales (bleu, jaune, rouge et vert). En choisissant un jeu pour enfant comme principal élément de son oeuvre, J. Duplo nous interroge sur notre rapport à l’art et sur l’idée préconçue que certaines oeuvres semblent, à tort, trop facilement réalisables.
Par-delà la simplicité de la construction (une tour de briques en plastique), J. Duplo nous pousse à réfléchir aux notions d’intentionnalité et de créativité. L’art de J. Duplo, l’un des nombreux artistes faisant partie de la collection de Yoon Ja et Paul Devautour débutée à la fin des années 1980, est une sorte de constructivisme plastique.

Jeu de construction

Les chapiteaux de la collection archéologique et les constructions verticales de J. Duplo s’inscrivent dans une logique de construction / déconstruction en raison de leurs valeurs esthétique, symbolique et fonctionnelle. Les colonnes sont utilisées en tant qu’objet architectural dans la reconstruction de l’espace de la ville et du patrimoine.
Elles sont déplacées pour supporter un autre édifice. C’est dans cet esprit qu’on peut évoquer le système de legoTM qui consiste à déconstruire pour mieux reconstruire. Dans l’Antiquité, les colonnes jouaient un rôle important en tant qu’éléments porteurs.
Le système legoTM induit pour sa part l’idée de construction illimitée. Ces deux logiques suggèrent un processus d’édification tendant vers l’infini, tant architecturalement que symboliquement.

Les colonnes antiques suggèrent en outre l’idée de reconstruction de l’histoire, grâce aux fouilles archéologiques qui impliquent la transmission d’un passé. Les ruines gallo-romaines sur lesquelles est édifié le Musée Sainte-Croix accentuent la dimension mémorielle et patrimoniale du lieu. Ces notions se retrouvent dans la collection de Paul Devautour et Yoon Ja : se définissant comme des “opérateurs en art”, ils reconstruisent l’histoire de l’art en constituant une collection d’artistes fictifs. La vingtaine d’artistes de leur collection génère une communauté imaginaire, à
laquelle appartient J. Duplo, l’un de leurs avatars, mais aussi l’agent d’art, critique et organisateur d’événements Martin Tupper. Ce dernier a créé le Showroom dans lequel furent présentées les oeuvres de Duplo, dont le nom renvoie au lego duploTM, une déclinaison du legoTM pour les plus petits (enfants de 18 mois à 5 ans). En s’affublant d’une multitude de pseudonymes, Yoon Ja et Paul Devautour apparaissant tour à tour artistes, commissaires, critiques et collectionneurs. Ils occupent ainsi tous les rôles au sein du système de l’art, aux fins d’en déconstruire les règles établies.


Jeanne de Saint-Sernin
, Nadina Souleimanov et Océane Charruyer, étudiantes en Licence 3 d’Histoire de l’art, Université de Poitiers