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Albert Marquet (1875-1947), Plage des Sables d’Olonne au remblai quadrillé, 1933
Collection : Musée Sainte-Croix
Marie Vindy, Sans titre (du bleu au jaune), 2000
Collection : FRAC Poitou-Charentes
Marie Vindy est une plasticienne et romancière française qui a suivi une formation aux Beaux-Arts de Besançon. Au fil de son parcours académique, l’artiste peine à trouver sa place dans le monde de l’art contemporain, indissociable de ses implications économiques. Elle se consacre alors à l’animation d’atelier d’arts plastiques et à l’enseignement, avant de cesser définitivement toute production plastique, pour se consacrer à l’écriture de romans policiers et de chroniques judiciaires pour le journal Le Bien Public.
Marie Vindy pense avoir semé les germes de son écriture dans sa pratique artistique initiale, à partir d’un vocabulaire plastique minimal (une feuille et des couleurs pour raconter une histoire). Ses nuanciers représentent pour elle la pureté, l’ordre et la classification. Ils sont à rapprocher des monochromes d’Yves Klein et de Robert Ryman, autant que de la peinture de Kasimir Malévitch et des couleurs « bi ou tri-chrome » de Mark Rothko. Son œuvre témoigne d’une réflexion conceptuelle sur l’idée de paysage et les notions de vibration, d’ordre et de sensations pures.
La mise en regard de l’œuvre Sans Titre (du bleu au jaune) de Marie Vindy et de Plage des Sables-d’Olonne au remblai quadrillé (1933) d’Albert Marquet fait apparaître un questionnement sur le médium même de la peinture et sur la représentation du paysage.
Plus précisément, c’est la question du paysage de bord de mer que les deux artistes choisissent de traiter dans leurs œuvres, en en livrant deux interprétations différentes. Tous deux utilisent des éléments similaires pour structurer leur œuvre : des plans et des lignes. Ce principe de construction de l’œuvre est utilisé par Marquet dans la plupart de ses compositions. Dans l’oeuvre de Marie Vindy, cette structuration est frappante par le quadrillage que crée l’artiste, intégrant subtilement une diagonale grâce aux nuances de bleu et de jaune.
La différence de représentation entraîne nécessairement une différence d’interprétation. Plage des Sables-d’Olonne au remblai quadrillé est un paysage qui renvoie le spectateur à ses propres souvenirs : ceux des vacances estivales, instants de calme et de sérénité, de bonheur simple. Plus subtilement, dans Sans Titre (du bleu au jaune), la déconstruction du paysage laisse au regardeur une liberté d’interprétation, la possibilité de réinvestir ses propres paysages mentaux.
Les deux artistes ont choisi pour ces œuvres des couleurs de bord de mer : le jaune qui rappelle les étendues de sable et le bleu, qui évoque la mer et le ciel. Mais si Marquet dépeint une réalité, Vindy ne cherche pas la figuration. L’interprétation de son œuvre repose sur la culture visuelle du regardeur qui est libre d’interpréter, par analogie, ce qu’il voit comme étant un paysage de plage. Elle déconstruit par ailleurs les notions d’auteur et de geste pictural, délégant celui-ci à un programme informatique et confiant au commanditaire, par le biais d’un protocole écrit, la production de l’oeuvre, dans le sillage de la démarche initiée par l’artiste américain Sol LeWitt.
Charline Montiel et Morgane Glevarec, étudiantes en Licence 3 d’Histoire de l’art, Université de Poitiers